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2 novembre 2020 1 02 /11 /novembre /2020 08:12

L'investissement dans le numérique

 

Avez vous remarqué, chez vous, que Internet fonctionne moins bien ces derniers temps? Sans plus d'informations, on invoquera comme explications le passage à la 5G (pour les téléphones), le fait que plusieurs techniciens sont absents pour cause de coronavirus, ou encore d'autres causes invérifiables. Il y en a toutefois une qui me paraît beaucoup plus évidente que les autres, c'est l'accroissement fantastique de l'utilisation du net, avec diffusion massive de textes, photos, vidéos qui sont envoyés, partagés, retransmis, commentés....Les réseaux sont simplement saturés, cela peut provoquer des incidents chez certains fournisseurs d'internet, et il m'est arrivé de recevoir des courriels avec des heures de retard.

Notons à ce sujet que l'encombrement de l'espace virtuel est intensifié par les multiples contrôles des contenus. Ce qui se dit sur le net est maintenant filtré, analysé, autorisé, pour répondre à des exigences issue des états ou de certains groupes de pression. Soit soit dit au passage, la capacité de filtrage sur de tels flux d'information me semble illusoire. De plus, l'exigence accrue de sécurité fait que les contenus sont scannés à diverses étapes de leur transmission par chaque application, ce qui alourdit leur passage. Enfin, tous les sites publient abondement leurs conditions d'utilisation, de sécurité, de confidentialité, ce qui n'en améliore pas la fluidité. Tout cela génère de nouveaux besoins en capacités et en vitesse d’exécution, autant de choses qui augmentent les besoins en investissements.

Il me semble évident qu'il n'est tout simplement pas possible continuer comme cela. Il y a déjà des mesures d'auto-limitation prises par de nombreuses applications. Plusieurs fournisseurs de ''clouds'' limitent le stockage, en particulier pour les photos et vidéos. Ce n'est pas très contraignant, ce qu'ils permettent étant largement supérieur aux besoins des individus normaux, et il y a en plus la possibilité de répartir ses données sur plusieurs hôtes. Il y a aussi des tentatives timides pour limiter le trafic, par exemple par la limitation des transferts ou partage massifs de vidéos. Cela n'empêche que je reçois maintenant tous les jours une quantité invraisemblable de petites vidéos de mes amis, amusantes certes, mais encombrantes, sans parler de vidéos de mariages ou autres fêtes. Facebook limite le nombre d'affichage des publications des amis sur les journaux de suivi, mais j'en reçois encore bien trop pour ma capacité de lecture. Bien sûr ces tentatives de limitation ne plaisent pas à certains enragés qui font la chasse aux ''amis'' en ligne (je connais certaines personnes qui ont plusieurs milliers d'amis qu'ils ne connaissent même pas) et leur diffusent massivement des documents. Il faut aussi penser que, maintenant que l'on s'est bien équipés en matériels, que les enfants aussi ont leurs appareils, il faut utiliser tout cela, ce qui pousse à la consommation. Il est évident que cette situation n'est pas acceptable, d'autant plus que l'on nous promet que la 5G (qui est un progrès en soi) va permettre des développements et des utilisations encore plus spectaculaires. Le coronavirus renchérit sur l'hyper-consommation numérique. Le fait de rester à la maison, par confinement ou télétravail, le fait de moins sortir voir ses amis, provoque une ruée vers l'utilisation de nos appareils que les infrastructures auront du mal à suivre. Ce n'est d'ailleurs pas souhaitable pour notre propre santé qu'elles le permettent au delà du raisonnable.

Devant cette situation, il y a deux voies possibles pour l'avenir, sans que personne ne sache aujourd'hui dans laquelle nous finirons par nous engager. Et vue la mondialisation des applications et des opérateurs, ce sera une option unique pour l'ensemble du monde, très peu liée aux décisions des gouvernants. Ce sera une évolution consécutive à nos propres comportements, eux-mêmes à présent fortement modifiés par la crise du coronavirus.

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La première option consisterait, pour suivre la demande, à augmenter considérablement les capacités de stockage et de transport des données. Cela se fera en tout état de cause, car c'est le sens de l'histoire, le point en discussion étant la vitesse et l'amplitude de ces investissements. Ceux-ci sont de deux natures. Le gros des investissements est à la charge des opérateurs, en attendant qu'ils le facturent aux utilisateurs, et concerne les infrastructures de communication (par exemple le câblage ou la 5G) et de stockage (dont le back-up). Mais il ne faut pas négliger l'effort d'investissement également demandé aux utilisateurs par le biais de l'achat de matériels de plus en plus sophistiqués et qui doivent en permanence s'adapter à l'évolution des technologies. Ceci est une course à laquelle le monde n'échappera pas, malgré le gaspillages de ressources de la planète qu'elle implique. Évolution des modes, il devient plus important d'avoir le dernier cri en matière de smartphone que d'acheter la dernière collection de Nike. La fermeture des écoles a aussi comme conséquence la fin de l'exhibitionnisme des enfants et le report de leurs phantasmes vers les mobiles.

A ce sujet, je voudrais revenir sur un point déjà abordé. Il ne me paraît pas acceptable, ni moralement ni économiquement, que la plupart des applications, qui se présentent comme gratuites, et qui exigent de tels investissements, soient financées en grande partie par la publicité. Cette situation pousse à la surconsommation, à l'usage immodéré de l'espace virtuel. Par exemple, les jeux vidéo (gratuits pour la plupart) prennent de plus en plus de place sur nos appareils et génèrent de plus en plus de trafic, sans compter le fait qu'ils deviennent par cela de plus en plus viciant, alimentant la spirale inflationniste des Gigabits. La gratuité de ces jeux pousse à une surconsommation très peu nécessaire à tous points de vue.

Malgré l'absurdité de cette option, je pense que c'est cela qui va se passer, dans le droit fil de l'évolution des technologies, et ce jusqu'à l'apparition de nouveaux concepts de communication qui rendront caducs tous ces investissements.

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La seconde option consisterait, pour limiter l'explosion de l'utilisation du numérique, à inciter beaucoup plus l'utilisateur à restreindre ses besoins. Je crois que c'est l'option la plus raisonnable, mais que l'on n'ira pas dans ce sens. Comment le ferait-on d'ailleurs? Dans une économie libérale et dans le système capitaliste, c'est par les prix que l'on régule l'offre et la demande. En fait, considérant que toute l'utilisation est gratuite pour l'utilisateur, ou presque, dans des systèmes de forfait, le navigateur occasionnel et le surfeur obsessionnel payent aujourd'hui sensiblement la même chose. Ce serait justice pour les petits usagers qu'internet devienne payant en fonction de son niveau d'utilisation, pour tout celui qui approcherait une machine. Je sais que cela fera crier. Mais à ne pas le faire, l'homo sapiens sera réduit à un scrutateur d'écrans. C'est une situation vers laquelle les moments de confinement liés à la crise du coronavirus nous pousse inexorablement.

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