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16 novembre 2020 1 16 /11 /novembre /2020 05:34

Éclatements de la société

 

En conclusion de cette partie dédiée aux problèmes sociétaux liés à la crise du coronavirus, je voudrais revenir sur ce concept de destructions créatrices en soulignant à quel point le développement de la pandémie a précipité l'élargissement des fissures qui existaient dans notre société. Cet effet sur la société est d'autant plus profond que la crise semble s'installer dans la durée, avec des périodes d'amélioration et des rebonds spectaculaires. Cela ne nous interdit pas d'espérer que nous reviendrons rapidement à de nouveaux équilibres sociaux, fondateurs de comportements qui remettront du sens et du bonheur dans nos existences. Malheureusement, l'enseignement du passé nous montre que cela peut prendre du temps.

Le premier élément dont nous avons parlé est le travail et son corollaire le chômage. Toutes nos habitudes ont été bâties autour de l'activité humaine que le temps avait modelée, mais que la modernité nous demande de redéfinir. Si c'est la première fois dans l'histoire que l'on empêche sciemment les gens de travailler sans avoir d'alternative pour leurs revenus, il faut dire que la place de l'homme au travail dans la société de demain était déjà une question ouverte. Travailler moins parce qu'il n'y a de moins en moins d'activités nécessitant l'intervention humaine, ou travailler plus parce que l'amélioration des conditions de vie nous permet d'être actifs plus longtemps était un débat qui s'intensifiait. A la quantité de travail se rajoute maintenant la question des modalités de ce travail, du fait des nouvelles perspectives (en particulier le télétravail) qui se sont imposées. Le concept de temps de travail (la discussion sur les 35 heures en France ou similaire ailleurs devant être enterrée), le concept de relations de travail, le concept de performance, le concept de représentation syndicale. demandent à être repensés.

Le second élément est destruction des comptes publics, avec l'émergence de déficits nationaux monstrueux dont on imagine qu'ils ne seront jamais remboursés. Pour l'instant, il n'y a rien d'autre à faire, même si l'on pense que soutenir les structures sociales au delà de nos possibilités est un leurre. Mais il faudra bien, une fois toutes les lignes rouges franchies, retrouver de nouveaux équilibres pour ces comptes, ce qui signifie en particulier un redéploiement des dépenses sociales. Si on imagine mal demander aux familles de retourner vivre sur son lopin de terre, on voit encore moins comment maintenir une redistribution significative d'une richesse qui a fondu. Cette dernière affirmation peut paraître suspecte au vu de la croissance boursière qui défie la crise, mais je suppose que la bonne tenue de la bourse est due à toutes ces nouvelles liquidités injectées et qu'elle ne correspond en rien à la situation de l'économie réelle. Ce sera le défi majeur des années à venir.

Le troisième élément est l'avenir de la famille. Le coronavirus n'a pas produit ce problème. L'extinction en pratique du mariage religieux, la facilité pour les couples de se défaire et de se recomposer, le détachement des enfants du cercle familial, la normalisation des couples homosexuels, tout cela était antérieur. Le coronavirus n'a fait qu'acter que l'on pouvait être d'une même famille sans se voir autrement qu'en communication numérique. Du fait de la distance infranchissable de nos jours, cela fait des mois que je n'ai pas vu mes fils et petits fils, sans parler de frères ou cousins. Cela va laisser des traces, encourager des liaisons affectives hors de la famille. La base biblique et culturelle de la société fondée sur la famille est à reconsidérer.

Le quatrième élément est la dégradation des relations communautaires, que l'on peut relier au nouveau regard sur l'autre qui s'est établi. L'inactivité, l'inquiétude, les informations négatives favorisent des comportement de méfiance. Les difficultés économiques et sociales poussent les individus désespérés à la violence. Partout, sous le moindre prétexte, les antagonismes s'exacerbent. Cela mène à plus de nationalisme, plus de xénophobie, plus de racisme, plus de radicalisme qui s'expriment ouvertement. Recomposer notre société du vivre ensemble va prendre du temps.

Le cinquième élément est la banalisation des manifestations publiques en tous genres. Leur interdiction pour cause de coronavirus n'a fait qu'exacerber le désir des gens de sortir dans la rue, parce que s'exprimer sur les réseaux sociaux ne suffit plus à clamer leur colère. Et il y a un bon motif pour cela, c'est que cette crise a largement contribué à fragiliser la crédibilité des dirigeants, phénomène que l'on constate dans plusieurs pays, créant une légitimité pour toute manifestation. Il y a fort à parier que la majorité des dirigeants actuels ne seront pas réélus, et cela prendra du temps de recréer de nouveaux processus démocratiques stables.

Sur un fond d'angoisse sur ce qu'est l'homme et sur ce qu'est la société, tout ces éléments contribuent à une fracture croissante entre la rue et l'état, remettant en question les systèmes politiques. Nous y reviendrons par la suite.

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