semaine 18 de 2021

Les droits sur la la terre.

Apparemment, la terre ne nous suffit plus. De nouveaux espaces s'ouvrent dans les cieux et, comme jadis pour la conquête de colonies ou de nouveaux territoire, la lutte s'engage entre grandes puissances. Nous avions sagement et sereinement une station ISS internationale, un hôtel dans les airs pour cosmonautes de toutes origines. Celle-ci a d'ailleurs été mise à l'honneur cette semaine avec le retour sur terre de quatre astronautes qui y avaient passé plus de 160 jours, laissant sept autres encore à bord. Mais cette harmonie internationale ne durera probablement pas, plusieurs pays développant leurs propres programmes de colonisation de l'espace. On avait en son temps la station russe MIR, détruite en 2001, mais la Russie vient de faire connaître son intention de relancer le projet de sa propre station spatiale. Maintenant la Chine s'installe aussi dans l'espace, et un premier élément de sa station Tiangong "palais céleste" a été mise sur orbite par un lanceur lourd chinois. Chacun essaye ainsi de positionner ses droits sur l'espace, en attendant le partage de la lune ou de Mars. Bien entendu, sur terre, il restera encore quelques zones de l’arctique ou de l’antarctique à répartir lorsque les glaces auront fondu, mais c'est peu de chose par rapport au reste de l'univers.

En Afghanistan, c'est une nouvelle ère qui s'ouvre. Le président Joe Biden a décidé qu ''il est temps que les troupes américaines rentrent chez elles'', en donnant à la diplomatie la préséance sur une solide présence militaire qui n'a pas fait ses preuves. Le sol afghan reviendra donc avant le septembre 2021 aux talibans. Car en dépit de la certitude affichée du président Ashraf Ghani qui considère que les forces de sécurité afghanes sont aujourd’hui “entièrement capables de défendre le pays et son peuple”, le doute subsiste dans le pays. La presse reproche à l’administration Biden de faire trop de concessions aux talibans, et les femmes ont déjà peur d'une progression de la charia sur un territoire sur lequel ces derniers vont peu à peu revenir en maîtres.

En Europe, a relation entre les pays et les traditions de ses habitants reste un thème alimentant des conflits nationalistes, menés dans beaucoup de pays par l’ultra droite. En Allemagne, les autorités considèrent que celle-ci représente actuellement la plus grave menace terroriste, avec des discours de haine xénophobe qui ont fait de nombreuses victimes au cours des deux dernières années. En France, le sujet est brûlant. Depuis 2017, plusieurs projets d’attentats liés à cette mouvance ont été déjoués, et ils impliquent d’anciens policiers ou des militaires en retraite décidés à lutter contre ce qu’ils appellent "le péril islamique". Une récente tribune controversée, signée par des militaires, a dénoncé le "délitement" qui frappe le pays. Le problème des migrants, qui avait été un temps estompé par la crise du coronavirus, refait surface. Avec une question lancinante, peut-on et doit-on accueillir sur le sol européen tous ces candidats à une vie meilleure.

Notre lecture biblique hebdomadaire rapporte divers commandements liés à la terre, tel le repos sabbatique de cette dernière : ''Quand vous serez rentrés dans le pays que je vous donne, la terre sera soumise à un sabbat'' ou le Jubilée, qui est la rémission des dettes et le retour des domaines à leur propriétaires. En remarquant que le texte biblique institue ces lois bien avant que les hébreux ne prennent possession de ces territoires, je constate qu'il y a là la volonté de délivrer un message sur la relation entre l'homme et la terre. Nous avons trop tendance à penser que le monde est à notre service, à notre botte, que tout est fait pour être vassalisé. Or ici, ''La terre chômera'' est donné comme une conséquence de la mauvaise conduite de ses habitants. La terre – comme les biens matériels – est donnée en échange d'un comportement moral ''car la terre est à moi'', et notre texte affirme qu'elle a la capacité de réagir au manquement à cet objectif. La terre et l'univers ne sont pas une donnée marchande de consommation pour l'humanité, mais une espèce de partenariat pour gérer la vie, ce qui est une vision tout à fait moderne de la pensée écologiste. Que chacun sur sa terre établisse les lois morales qui mieux lui semblent lui convenir me semble compréhensible. Que ceci se traduise par l'existence d'un ensemble de nations vivant côte à côte me paraît souhaitable. Mais aussi bien la volonté de s'emparer de la terre des autres que la volonté de s'isoler sur son territoire me paraissent dangereuses pour l'avenir de l'humanité. Malheureusement c'est à cela que nous sommes quotidiennement confrontés.