semaine 19 de 2021

A chacun son business.

La polémique sur les vaccins et les laboratoires pharmaceutiques continue. Le président américain Joe Biden avait annoncé, dans un virage à 180 degrés, qu’il était favorable à une levée temporaire des brevets sur les vaccins contre le Covid-19, alors que Washington comptait parmi les plus farouches défenseurs des brevets pharmaceutiques. Plusieurs pays, dont la France, ont d'ailleurs suivi cette démarche, à la suite des demandes introduites par l’Inde et l’Afrique du Sud devant l’Organisation Mondiale du Commerce et de la constatation que l'impossibilité pour plusieurs pays surpeuplés de faire face à la pandémie constituait une menace mondiale. Pourtant, cette annonce n'a pas stoppé les critiques, et a même suscité le scepticisme parmi les 27, réunis en sommet à Porto. L'Union européenne appelle Washington à faire "des propositions concrètes" et à mettre fin à l'interdiction d'exportation des sérums. Elle indique être la seule "région démocratique" du monde à exporter massivement des vaccins, en accusant britanniques et américains d'avoir fait le choix de réserver leur production à leur propre population. Dans tout cela, les laboratoires, moteurs de la recherche scientifique, sont traités comme des sujets dociles des administrations politiques, et même objet de poursuites judiciaires pour retards de livraison. Cela ne marchera pas ainsi. On ne peut pas demander à des entreprise privées d'investir des sommes colossales (même si les états ont fortement contribué à l'investissement) pour ensuite leur retirer les patentes et les droits de commercialisation. Mais cette idée participe de la même démarche intellectuelle qui s'est globalisée et qui s'applique à bien d'autres domaines, à savoir que tous les individus ont des droits imprescriptibles à la protection tous azimuts, et que les moyens et les coûts pour assurer cette protection n'ont pas d'importance. Les droits des individus priment maintenant sur les intérêts des entreprises, alors que la société industrielle s'était développée sur le concept opposé. On verra bien ce qui ressortira de cette modernité de la pensée.

En Chine, les agents de change ont du soucis á se faire. Shanghai est en train de tester le e-yuan, une version numérique de la monnaie officielle. Il a la même valeur qu'un billet en papier, mais il est dématérialisé, et il suffit d’un téléphone portable et de l’application de la Banque centrale pour payer ses achats. Cela veut dire que le rôle de la monnaie dans la société va être complètement transformé. Et comme d'habitude, ce sont les personnes âgées rétives au changement, les personnes sans moyen de se payer un appareil sophistiqué, les personnes qui veulent tout cacher de leurs transactions qui vont avoir du mal à adopter cet autre avatar de la modernité.

Notre lecture biblique hebdomadaire a trait au dénombrement des hébreux dans le désert. La tribu des lévites n'est pas incluse dans le décompte général, elle est recensée à part ''La tribu de Levi tu ne la recensera pas.....mais tu préposeras les lévites au Tabernacle...'' De fait, les lévites sont exclus de la vie économique, et ils vivent des offrandes du peuple. Je relève au passage le problème de la difficulté pour un individu né lévite de choisir un mode de vie autre que le culte, mais nous avons déjà vu exister ces situations dans l'histoire, et nous savons bien aujourd'hui à quel point le foyer natal d'un individu détermine son mode de vie futur. Mais je voudrais surtout retenir de notre texte que celui qui a une activité communautaire non productrice mais reconnue comme nécessaire doit être soutenu par la société. Cette redistribution est aujourd'hui essentiellement assurée par l'état qui prend une part essentielle à la répartition des ressources, et moins par les contributions des citoyens. Le regard de chacun a donc tendance à se concentrer sur son activité propre et ses plaisirs propres, en laissant à l'état le soin de redistribuer. A chacun son business.